On m’a invoqué, donc j’y vais de mon pavé. Comme il est tard je me contente de reformuler un peu un paragraphe que j’avais rédigé sur un autre topic, mais je prendrais le temps de répondre plus précisément au premier post du topic demain. En attendant, voilà déjà un peu de grain à moudre. Rien de neuf, mais ça me coûte pas grand-chose de le reposter, et si ça peut répondre aux questions de l’auteur, tant mieux ! On m'excusera pour la syntaxe, il est tard j'ai pas pris le temps de bien relire.
La thèse ici c’est : le fait qu’une carte « triche » sur la règle de la CZ et sa taxe n’est JAMAIS un argument suffisant pour juger de sa puissance. C’est juste un argument parmi des dizaines d’autres, et même pas un argument important.
Corollaire : une capacité n’est JAMAIS « cassée » en soi, elle est toujours dépendante de son équilibrage. Le powerlevel général (ce qui peut inclure des questions d’équilibrage du métagame) est la seule donnée pertinente pour juger du caractère dégénéré d’une carte.
Pour démontrer ça, je partirai de l’exemple de partner, souvent évoqué, et de deux constats associés :
Premièrement : il existe des partners nuls, des forts et des trop forts. Donc partner n’est, au minimum, pas trop fort « en soi » (c’est à dire, indépendamment de tout contexte), puisqu’il en existe des nuls. Par exemple, Tana Kydèle c’est tout nul et personne ne voudra jouer cette paire bien naze. Il y a donc bien une situation ou un équilibrage ou partner est médiocre.
Deuxièmement : « partners », qui représentent d’ailleurs une variété de plans de jeu différents, n’a jamais été omniprésent, et a pour prédateurs naturels des decks non partners : typiquement, les vrais contrôles qui peuvent faire des plays plus forts sans se préoccuper du CA produit par la CZ. Donc de base, dans un méta ou contrôle est correctement présent, « partners » va avoir beaucoup de mal à dominer. On notera d’ailleurs que les banlists récentes tendent vers ça.
D’ores et déjà, on voit que partner n’est pas, dans la pratique, une capacité qui est en soi cassé, pas plus qu’elle n’est omniprésente. Mais je veux aller plus loin et montrer que, surtout, la « capacité » n’est de toute façon pas le bon niveau d’analyse. Pour cela, essayons de raisonner comme certains le font sur partners, mais avec un autre type de capacité très puissante et qui change radicalement le jeu quand elle est présente en CZ. Prenons l’exemple de hexproof.
Geist of Saint Traft est une créature extrêmement puissante. Sa force principale vient de son Hexproof, qui permet de rendre inutile une grosse partie du deck adverse. Il a un avantage énorme sur son adversaire car il ne joue que des cartes utiles, tandis que l’adversaire se retrouve typiquement avec en main deux spots removals sans cibles. C’est bien l’hexproof qui permet cela.
Pourtant, personne ne râle sur la capacité « hexproof ». Même quand Geist était au sommet de sa domination (de mémoire, c’était Zurgo et Geist les top tiers de l’époque,en tout cas pour aggro, peut-être avec Bruse en bonus), personne n’a parlé de « ban hexproof ».
L’intérêt de comparer n’est pas de faire un raisonnement par l’absurde, mais de montrer qu’une capacité ne signifie rien : dans le cas Zurgo comme dans le cas Geist, le problème était juste leur powerlevel, qui était une combinaison de plusieurs facteurs (ccm, capa, etc), et non pas le fait d’une capacité unique. Râler sur « partners » c’est comme râler sur « hexproof » : ça ne peut pas aider à analyser le méta ni à deckbuilder, c’est je pense une mauvaise compréhension de ce qui rend ces cartes fortes ou non. Pour prendre le cas plus spécifique de ceux qui demandent un « ban partner », ça équivaut strictement à avoir demandé un « ban hexproof » à l’époque de Geist. Un tel ban aurait alors éliminé d’office un deck solide comme la Narset tricolore, ou un deck très nul comme Uril le pisteur. Ainsi, non seulement ce ban n’est pas pertinent, mais en plus ça impliquerait d’éliminer du méta plein de decks très intéressants et tout à fait légitimes.
En bref, pour résumer tout ça en comparant avec mon exemple :
- Y’a plein de partners, des nuls et des forts. Cela « triche » avec la CZ pour les raisons que tu as mentionnées. Tu considères qu’il faut ban partner.
- Y’a plein de généraux hexproof, des nuls et des forts. Cela « triche » avec la CZ, car ça annule une partie du deck adverse, or dans un format sans side et ou tout le monde joue des antibêtes, c’est un avantage énorme. On pourrait considérer qu’il faut ban hexproof.
J’espère que ce comparatif aura permis de voir que bannir une capacité n’est pas le bon angle d’attaque. Le bon angle, en revanche, est de ban une carte individuelle quand elle sort trop du lot. C’est d’ailleurs la politique actuelle.
Et un dernier point pour compléter : demander à modifier partners, par exemple avec une taxe commune, c'est aussi comme demander à modifier hexproof. Ça revient fondamentalement à faire des erratas et c’est une direction très compliquée.
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